Au pays de l’or noir une tranquillité, qui s’éteint, teint le
ciel de gros nuages noirs de menace. Le pétrole brûle pour rien, victime d’une
attaque contre ses installations saoudiennes par des rebelles yéménites qui
pourraient bien avoir été aidés par les Iraniens.
La guerre au Yémen dure depuis trop longtemps. Depuis 2014,
elle oppose les rebelles chiites Houties au gouvernement en place, celui
d’Abdrabbo Mansour Hadi. La boîte à Houties est composée de pince-sans rire qui
démarrent tôt leur révolte contre un pouvoir central qui les marginalise et
tourne vice jusqu’à la vexation.
En tant que chiites, les Houties sont tout naturellement
aidés par les grands frères iraniens, les mollahs de tous poils. Les Ayatollahs
percent et polissent l’âme rebelle des houtie en l’abreuvant de flux létaux
(armes parmi lesquelles des missiles). Le pouvoir yéménite en place est assisté
des frères saoudiens, sunnites, soucieux de voir l’ancien royaume de Saba
rester dans le giron des pèlerins de la Mecque, tout en lorgnant sur des champs
de pétrole du pays…
Ce conflit qui se meurt de trop durer aura plongé dans la
famine et le choléra tout un peuple sinistré, enfants faméliques, femmes
endeuillées, souffrances infinies…
Il vient de connaître un rebondissement avec les attaques
contre les installations pétrolières en Arabie Saoudite. Le Pentagone a d’abord
accusé l’Iran d’avoir tiré, depuis l’Irak, les missiles destructeurs. Donald
Trump, d’un tweet rageur, était prêt à frapper Téhéran pour le punir
définitivement après l’avoir sérieusement diminué par un blocus économique. Le
shérif de la Maison Blanche veut faire plier l’Iran qu’il accuse de ne pas
respecter l’accord sur le nucléaire signé en 2015. Donald est prêt à canarder le pays qu’il
soupçonne de continuer à produire, en cachette, l’arme atomique.
Et puis l’homme se ressaisit. Après tout, qui dit que c’est
l’Iran qui est le coupable ? Le milliardaire qui ne reconnaît qu’une seule
guerre du golf, celle à 18 trous, n’a pas envie de mettre le feu aux poudres
alors qu’il fait tout pour se faire réélire en 2020. Donald joue
l’atermoiement, hésite entre satisfaire les faucons (en réalité de vrais
idiots) républicains et ses alliés saoudiens et écouter son instinct qui le pousse
à refuser toute intervention à l’étranger alors que les deal (accords) se font
l’édile de l’idole idée d’une pacification mesurée !
Le problème réside dans le fait que tout le monde veut un
deal : l’Iran, la Chine, la Corée du Nord, les Talibans de Kaboul… Et
l’homme qui raisonne en deal hait tentes : il n’aime pas camper trop
longtemps sur les mêmes positions ! Son indécision le dessert et lui fait
dégâts tôt.
Trump, l’impulsif, fait valser le show et l’effroi dans un
univers de plus en plus instable. En attendant, la destruction des puits
saoudiens entraînera indéniablement une tension sur le marché du baril. Avant
les attaques, l'Arabie saoudite pompait 9,9 millions de barils par jour.
L'attaque a réduit la production saoudienne de 5,7 millions de barils par jour,
soit environ 6% des approvisionnements mondiaux. La baisse de la
production pourrait être limitée dans le temps car l’Emir Abel, spécialiste
saoudien dont les propos ne comptent pas pour des prunes, promet de rétablir
les flux d’or noir d’ici fin septembre. Gageure ?
En attendant, une hausse du prix à la pompe pourrait remettre
en émoi les gilets jaunes sauf à diminuer les taxes sur les carburants pour
limiter la hausse du brut en attendant l’heureux doux.
Ces événements réveillent la crainte d'une escalade militaire
entre l'Iran et les Etats-Unis. Le chef de la diplomatie américaine Mike Pompeo
qui va devoir pomper bas du carburant diplomatique en se rendant en Arabie
saoudite afin d'évoquer la "réponse" des Etats-Unis à ces attaques.
En effet, entretemps, Donald Trump a encore changé de
conviction : il est persuadé que les attaques ont été menées depuis l’Iran
avec des missiles de croisière déguisés en drones yéménites !
Moi, ce genre de croisière, ça m’use…
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