Tous les yeux de la planète (enfin, presque tous) étaient tournés vers
Londres (Royaume-Uni) et l’intronisation de Charles III ce samedi 6 mai. La
journée a été marquée par des fastes et des traditions, des protocoles
interminables, mais aussi par l’émotion du roi.
Devant 2 200 invités, des chefs d'État et de gouvernement, des monarques du monde entier, il a prêté serment sur la Bible et a reçu la couronne de Saint Édouard. La solennité du moment n’a pas empêché l’émotion de pointer le bout de son nez lorsque William, l’héritier, est venu prêter allégeance à son père. William, le fils fidèle ! Il a pensé à Harry, le rebelle, reparti aussitôt après le couronnement pour les Etats-Unis, retrouver sa Meghan et son fils Archie, dont il devait fêter l’anniversaire.
Charles devenu Charles III, encore endeuillé du départ de sa mère, a revu son enfance, ses amours incertaines, l’inanité de son combat pour sauver la planète.
La foule l’acclamait mais il vit aussi les hostiles, les antimonarchiques qui vilipendaient le ridicule de toute cette cérémonie coûteuse.
Il sentit peser sur ses vieilles épaules le poids innommable des responsabilités. Le ciel était gris, la pluie jouait aux trouble-fête. Charles venait de sortir de Westminster avec une couronne perlée d’incertitudes. Le Monde avait changé, il ne l’avait pas vu se métamorphoser.
A quoi pensait le roi sous sa couronne dense ?
A tout ce temps perdu dans ces cours inutiles ?
Au sourire de sa mère, à Diana, son silence ?
A quoi pensait donc Charles qui ne fût pas futile ?
Au loin, l’homme entendit le canon résonner
Pour la gloire de son règne. Et lui revint l’Ukraine
On se battait là-bas, les obus de la haine
S’attachaient à la mort, comme une éternité.
Autour de lui le monde, le Gotha et les clercs
Une chorégraphie de lenteur indicible
Protocole royal de sa douce Angleterre
Dont il devait porter le sceau indélébile.
Réapparut le Monde, au sommeil outragé
Les plaies d’une planète, qu’une chaleur condamne
Sur ses vieilles épaules il sentit s’affaisser
Les espoirs d’un meilleur, sous la fleur qui se fane.
Sœur Anne, ô ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
Le long déclin des flores, et la montée des eaux.
Il entendait les chœurs, clamer jusqu’au soupir !
Il ne vit qu’une foi aux sanglots vespéraux.
Son sceptre s’érigeait comme un feu de détresse
Il sourit tristement, son trône vacillait
Sous le poids des remords, des froids de maladresse
Qui de son fils, Harry, avaient l’âme brouillée.
Il revit son chemin, ses errances lointaines
L’amour de Camilla dans les bras de Diana
Il rêva d’un soleil, et de plaines lunaires
D’un champ de plénitude, en ce lieu, il rêva.
Tout ce faste clinquant assourdissait son cœur
N’était-il donc sur Terre que pour devenir roi ?
Dieu gardait son silence, au sein de Westminster
Il fixa les statues aux pierres de désarroi.
Il repartit, carrosse, sous un ciel incertain
Quelques saluts fragiles, d’un geste de la main
Pour ce peuple fidèle au grand feu monarchique
Sous sa peau frissonna l'effroi mélancolique.
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