La finale de la coupe d'Europe des Nations a débuté depuis 33 minutes.
L'Allemagne a ouvert ses ailes d'aigle pour intimider le taureau espagnol.
Mais l'attaquant Klose trouve porte close quand il cherche à entrer dans la surface adverse. En revanche, lancé par son coéquipier Xavi, le n° 9 espagnol, Torres, évite la charge de Lahm, l'arrière gauche bavarois. Il soulève, juste ce qu'il faut, la sphère au dessus du corps plongeant de Lehmann, le gardien vétéran venu à sa rencontre : le ballon vient mourir dans les filets de la Manschaft.
1-0 : le score sera préservé jusqu'à la fin par une fringante équipe espagne qui libère l'ibère du signe indien : les sang et jaune n'avaient pas gagné la coupe d'Europe depuis 1964 ! Ils finissaient par ne plus y croire !
En 1984, à Paris, Platini et sa bande les avaient crucifiés impitoyablement.
Mais là, ça y est ! Le taureau meugle de plaisir et l'aigle impérial, à qui l'infortune sourit, grimace à travers le rictus évocateur de Ballack, le capitaine de l'équipe allemande.
C'est la victoire du football panache, virevoltant, chorégraphique ! Le score aurait pu être plus sévère sans des arrêts de Leihmann ou l'imprécision de la jeunesse hispanique totalement déchainée.
Carlos 1° et sa femme sont dans les tribunes et jubilent ! Les souverains espagnols en oublient les tergiversations de l'Europe, les flux migratoires, les menaces de l'ETA et même la victoire de Nadal au dernier tournoi de Roland Garros.
Dans les mêmes tribunes, Angela Merkel se dit que la chance "elle rit" aux plus audacieux et, bonne princesse, félicite les héros d'Espagne.
Dépité, Lahm précipite ses vacances en Suisse, pour se changer les idées. Mais Lahm hante à Sion.
Lehmann eut cure de se faire la main sur un vieux babyfoot d'un café viennois. Il a refait la partie avec un supporter espagnol. Score : 10-0 pour le supporter espagnol. Quand rien ne va
on se sent moralement mort allemand. Il veut boire pour oublier : ne laisse pas gnôle à portée de ses gants (qu'il n'a toujours pas retirés !) ; l'alcool génère râles de goal !
Avec cette brillante victoire le peuple espagnol sera davantage attiré par les dieux du stade : l'appât est là avec ses kyrielles de tickets vendus et ses myriades de retombées publicitaires et autres transmissions télévisées !
A aimer tant le foot, quel tord est-ce ?
Et 1, et 1 et 1...zéro !