Le 16 décembre, alors
qu’elle rentrait du cinéma avec son compagnon, une étudiante en kinésithérapie
indienne a été victime d’un viol collectif dans un bus à New Delhi avant
d’être battue à coups de barre de fer par ses six agresseurs et jetée hors du
véhicule. Elle décèdera le 29 décembre dernier en dépit des efforts des médecins. Cet évènement tragique dans une
ville surnommée « la capitale du viol » a engendré une vague d’indignation dans
le pays et place au-devant de la scène
internationale la condition des femmes en Inde.
Dès l’annonce du viol
et du passage à tabac de l’étudiante, la population s’est soulevée et des
manifestations ont eu lieu. Réclamant plus de sécurité pour les femmes ainsi
qu’une meilleure prise en compte des plaintes pour agressions sexuelles, les
manifestants ont contraint les forces de l’ordre à appeler régulièrement au
calme.
Surnommée Amanat (qui
signifie « trésor » en ourdou), la jeune femme est devenue un véritable symbole
pour toutes les Indiennes que les droits des femmes ne courtisent pas vraiment.
Car la société
indienne nourrit un véritable paradoxe entre l’omniprésence de la sexualité,
dans les médias comme dans les rues, et le caractère tabou des plaisirs de la
chair. On peut évoquer une « frustration endémique » créée par cette
contradiction, qui serait à l’origine, selon les associations de défense des
droits des femmes, du grand nombre de violences sexuelles perpétrées.
Une journaliste, Rashmee
Roshan Lall, rappelle également l’existence d’une étude qui montre que 65% des
hommes indiens estiment que les femmes doivent « tolérer la violence pour
garder la famille unie et qu’elles méritent parfois d’être battues ».
Les six agresseurs
d’Amanat ont été inculpés de meurtre,
enlèvement et viol. Cinq d’entre eux, âgés de 19 à 35 ans, sont passibles de la
peine de mort. Un sixième suspect encore
mineur (17 ans) devrait être jugé par un tribunal pour enfants si son âge est
confirmé. Quoi qu’il en soit, un juriste membre du barreau du district de Saket
a annoncé à l’AFP qu’ « aucun avocat ne se présentera pour défendre les accusés
du viol, parce que ce serait immoral de défendre l’affaire ». D’après lui, les
2500 juristes enregistrés auprès du tribunal préfèreraient rester à l’écart
pour assurer une « justice rapide ».
Du pays de Gandhi Amanat est partie
Cinglée de violences jusqu’au fond de la mortSexe martyrisé, corps broyé sous l’effort
De démons évadés de frustrations subies.
Le mariage du tabou et des plaisirs lubriques
Quand la pornographie s’affichant sur ses briques
Se noue amèrement aux phobies de la faute.
Et des milliers de cœurs pour habiller les rues
De l’indienne cité, en slogans éperdus
De justice sévère au nom de l’avenir…
Plus jamais cette horreur et que meurent les bourreaux
Portons sur nos compagnes des yeux de renouveau
De désir sublimé et de tendres vertus.
A défendre en procès pour des plaies immorales
New Delhi l’allumeuse d’une plainte ventrale
Cherche la rédemption sous l’étoile diffuse.
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