Georges Lautner
n’est plus. Il s’est éteint hier, vendredi 22 novembre, à 87 ans.
A l’annonce de sa mort j’ai vu défiler dans ma tête
toute une série de scènes cultes, des tontons flingueur bien sûr, mais aussi de
la valise ou des barbouzes ou encore de laisse aller c’est une valse.
J’ai senti trotter
dans mon esprit la petite musique des tirades à la Audiard !
J’ai revu mon
enfance devant le petit écran qui diffusait les films en noir et blanc où les
gros plans de Blier, Lefebvre et autre Ventura révolutionnaient le cinéma
français. J’ai revu mon adolescence s’énamourant de la blondeur de Mireille
Darc et pouffant de rire devant les
situations grotesques d’un Jean Yanne ou d’un Jean Pierre Marielle.
J’ai revu mon séjour
à l’armée où, un soir de sortie, j’avais apprécié dans une salle obscure les
tribulations d’un Belmondo au sommet de son art dans Le Professionnel, sur fond
de musique Morriconienne.
Oui j’aime Lautner
pour tout cela ! Symbole du cinéma populaire il nous aura fait rêver,
rire, glousser de plaisir !
Il se sera entouré
des meilleurs acteurs de son époque (Gabin, Pacha, Ventura, Belmondo, Delon,
Lefebvre, Meurisse, Darc, Biraud, Yanne, Marielle, Pierre Richard…). Et cette manière si particulière d’utiliser
la caméra et d’agencer les scènes !
Il nous a donné tant
de bonheur !
Merci à toi l’artiste !
En hommage à ton œuvre
j’ai imaginé ce petit synopsis qui nous remet en mémoire les titres de tes
réalisations cinématographiques.
- - Hé les gars y’a l’invité
surprise qui se pointe bientôt dans les vignes de notre Seigneur, histoire
de nous sucer la grappe divine !
- - Un invité ? Chez nous, les bons vivants ?
- - Affirmatif mon neveu ! Sur le plancher des vaches
sûr qu’il va bouffer les pissenlits par
les racines mais ici, au firmament des vieux artistes il va nous la jouer
Crescendo dans une folie des Joyeuses
Pâques !
- - Ne m’esquinte pas la patience Bernard, dis-moi qui
vient nous rejoindre ou je joue les
Barbouzes en te collant sur écoute !
- - Ménage tes esgourdes mon con, t’es déjà à moitié creux
du tympan ! Je vais te le dire qui vient : notre chef à tous, le roi
des Tontons flingueurs !
- - Non ? Tu la charries fumier ! Lautner ?
Il a cassé sa pipe ! On aura tout
vu !
- - Y’a que la connerie qui ne meurt jamais ! Mais
Georges, ça fait un bail qui s’traîne en bas, que son monocle rit jaune à force de mater le désespoir de
l’humanité !
- - Alors comme ça il se fait la valise le guignolo ?
On sera bien heureux de retrinquer avec lui ! Y’a plus que ça à faire ici
pour passer le temps ! Je n’aurais jamais
pensé que l’éternité fût aussi longue !
- - Et sans saison ! Même pas les seins de glace ! On
pourrait passer le temps dans un tamis à gros trou que ça prendrait encore
perpète !
- - Ne nous
fâchons pas ! Certes, on est devenu quelques messieurs trop tranquilles et pour certains ça vire sec à la Cage aux folles ! Mais si
Georges nous rejoint ça va rire aux larmes dans l’œil du monocle !
- - Attends ! Ce n’est pas fait ! St Pierre et
son jury doivent l’auditionner ! Et je les mouille un peu depuis que je
sais qui est le septième juré !
- - C’est qui ?
- - Le Pacha !
- - Le Pacha ? Connais pas ! Flic ou voyou ?
- - Plutôt flic de purgatoire qui joue le professionnel des remises à la peine
perpétuelle ! Il t’expédie en enfer vite fait sans accusé de
réception ! Et une fois chez Satan c’est Marche ou crève !
- - C’est qui ce Pacha ?
- - Un saint anonyme, c’est l’inconnu dans la maison mais présumé
dangereux ! Il était une fois un flic dans une vie antérieure et je
peux te dire qu’il aimer mettre au coffre ceux qui le dynamitaient ! Il ne
va pas apprécier que Georges ait tourné « La vie dissolue de Gérard
Floque », un film qui parle de drogue et d’adultère !
- - Mais enfin qu’il se dise : laisse aller c’est une valse ! Il ne va pas lui chercher des
poux dans la tignasse pour une simple romance cinématographique ! Est-ce bien raisonnable ?
- - En tous cas depuis qu’il trône dans le jury ton Pacha
y’a du rififi dans la sélection au Paradis ! Il les a ensorcelés et depuis
ils sont fous ces sorciers !
- - Pour des broutilles ils vous recalent et vous signent
un sauf-conduit pour le purgatoire avec les remerciements du Bon Dieu !
Ils ont fait cela avec Galia !
- - Galia ?
- - Ouais, la
grande sauterelle du boulevard St Denis ! Une baguasse qui savait
renifler la fleur d’oseille du
branquignole autant que l’effluve de sa semence ! Eh bien, elle qui ne regimbait pas au bonheur de
l’humanité, ils lui ont refroidi les
ardeurs à coup de purgatoire en CDI !
- - Oui ! Je me souviens d’elle ! La môme aux boutons ?
- - Non, tu confonds avec Estelle ! La névrosée qu’on
avait croisée sur la route de Salina,
elle en tenait un sacrée couche ! C’est vrai qu’elles se ressemblent mais attention, une femme peut en cacher une autre !
- - Ah ? Donc, heu, pour en revenir à Lautner, ils
pourraient le mettre en carafe jusqu’à
ce qu’il décante ses névroses ?
- - J’en ai peur : ils veulent la mort d’un pourri !
- - Lautner ? Un pourri ? Je ne voudrais pas
titiller la sémantique mais franchement ils abusent de l’hyperbole !
Ferait mieux de fermer leur gueule quand ils parlent !
-
Je crois qu’avec le
cowboy vengeur ils sont en plein
cirage et ça va les noircir en grandes pompes !
- - Il faut agir les mecs ! Le firmament contrôlé par
un tel démon c’est la maison assassinée !
- - On va le flinguer ce crétin des nuages éternels !
- - Non ! Arrêtez
les tambours ! On ne va pas ressortir les pétoires, messieurs, faudrait
pas faire braire le Paternel ! La zigouille c’est
comme la grippe : c’est contagieux !
- - Pas de
problème, on va faire la grève de la faim ! Finirons bien par
céder et nous emmener Georges dans le Triplex !
On va lui préparer une vraie fiesta dans notre room service !
- - Enfoiré ! Comment pourrais-tu crever la dalle
avec une gueule d’ectoplasme ? Franchement, t’as beau être éthéré ta
connerie te poursuit !
- - Hé, les potes, le voilà qui arrive !
- - Georges, c’est toi ? Ils t’ont délivré le permis
de Paradis ?
- - Ouais, ils ont flingué le Pacha dès qu’il s’est mis à
se vider les couilles oratoires pour me critiquer ! Et puis on s’est
bidonné comme des biturés en visionnant toute mon œuvre ! C’est pourquoi j’arrive
un peu en retard, et éméché ! Alors je trinque mais uniquement avec de l’eau
de là.