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samedi 9 novembre 2013

COMMÉMORER C'EST (comme mes morts essaient !)

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Parce qu’un certain 28 juin 1914 un jeune Serbe du nom de Princip (sans E) assassinait un archiduc, héritier du trône austro hongrois, et parce que, par un jeu d’alliance, ce meurtre allait projeter des nations dans la guerre et parce que cent ans se seront écoulés il faudra bien, en 2014, commémorer la Grande Guerre !
Celle des poilus, celle de la boucherie innommable, des premiers gaz meurtriers, des premiers chars d’assaut, des tranchées ravagées par la mort, l’odeur putride des cadavres…
Depuis l'Elysée, François Hollande a donné ce jeudi le coup d'envoi d'un cycle de commémorations du centenaire cette guerre 14-18, qui est la seule, moi Monsieur le Colon, que j’voudrais faire pour plagier ce brave Georges Brassens.
Flamby a prononcé un superbe discours qui aura même scotché le Maire de Meaux ! Mr Copé a trouvé l’exercice oral d’une très haute tenue ! Ouah ! Incroyable !
Mr Hollande a prononcé un discours célébrant un «temps de mémoire au moment où la France s'interroge». Evidemment le rapprochement « guerre mondiale » et « crise économique actuelle » trouve ses limites, mais quand même ! On peut reprendre la sémantique guerrière : « faire bloc» pour «gagner les batailles économiques», en appeler à la « mobilisation ».
Mais il s’est bien gardé d’évoquer ses interminables aller-retour, ses valses hésitations, ses rétro pédalages ! C’est là que la métaphore guerrière trouve son inanité : comment notre Flamby national pourrait exalter le verbe TRANCHER ?
L’homme de l’Elysée s’est replongé dans l’anaphore ! Après le « Moi Président… »  du débat d’entre les deux tours voilà le « Commémorer c’est… » ! Le discours en a été truffé  jusqu’à plus soif !
 « Commémorer, c'est saisir la force des générations qui nous ont précédés»,  «commémorer c'est porter un message de confiance dans notre pays»,  etc …
La secrétaire qui s’est tapé le discours a dû  user du copier-coller à l’envi !
Nous voilà donc partis pour quatre années de commémoration,  de rediffusion de films (« Les sentiers de la gloire » de Kubrik si longtemps censuré pour avoir évoqué les fusillés de 1917, « Un long dimanche de fiançailles », « Charlot soldat », « Joyeux Noël », « Le crépuscule des Aigles », « Capitaine Conan »…).
Quatre années de rééditions d’ouvrages sur la grande guerre.
Quatre années d’émission littéraire avec pour unique thématique les conséquences de la grande conflagration.
Quatre années de polémiques pour savoir si, oui ou non, il est nécessaire de faire œuvre de mémoire ou  de ressasser les vieilles rancœurs  guerrières quand l’Europe, notre Europe, cherche une voie de salut !
Quatre années à proposer des produits dérivés : voiture Renault électrique tout terrain reprenant le design des premiers chars lancés dans la grande bataille de 1918, tee-shirt à l’effigie de Joffre ou de Foch et de Pétain (heu, non, finalement, pas de Pétain !), saladier à fruits en forme de casque de poilus, robot-minute épousant le galbe d’une grenade à manche allemande…
Quatre années d’exposition dans des Musées de la guerre, exposition de vareuses sorties de la naphtaline, exhibition d’intermittents du spectacle affublés de la parfaite panoplie  du petit poilu « chair à canon »…
Quatre années d…
Stop ! Finie l’anaphore !!

Rendez-vous en 2014, si le cœur vous en dit !

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