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Parce qu’un certain 28 juin 1914
un jeune Serbe du nom de Princip (sans E) assassinait un archiduc, héritier du
trône austro hongrois, et parce que, par un jeu d’alliance, ce meurtre allait
projeter des nations dans la guerre et parce que cent ans se seront écoulés il
faudra bien, en 2014, commémorer la Grande Guerre !
Celle des poilus, celle de la
boucherie innommable, des premiers gaz meurtriers, des premiers chars d’assaut,
des tranchées ravagées par la mort, l’odeur putride des cadavres…
Depuis l'Elysée, François
Hollande a donné ce jeudi le coup d'envoi d'un cycle de commémorations du
centenaire cette guerre 14-18, qui est la seule, moi Monsieur le Colon, que j’voudrais
faire pour plagier ce brave Georges Brassens.
Flamby a prononcé un superbe
discours qui aura même scotché le Maire de Meaux ! Mr Copé a trouvé l’exercice
oral d’une très haute tenue ! Ouah ! Incroyable !
Mr Hollande a prononcé un
discours célébrant un «temps de mémoire au moment où la France
s'interroge». Evidemment le rapprochement « guerre mondiale » et
« crise économique actuelle » trouve ses limites, mais quand même !
On peut reprendre la sémantique guerrière : « faire bloc»
pour «gagner les batailles économiques», en appeler à la « mobilisation ».
Mais il s’est bien gardé d’évoquer
ses interminables aller-retour, ses valses hésitations, ses rétro pédalages !
C’est là que la métaphore guerrière trouve son inanité : comment notre
Flamby national pourrait exalter le verbe TRANCHER ?
L’homme de l’Elysée s’est
replongé dans l’anaphore ! Après le « Moi Président… » du débat d’entre les deux tours voilà le « Commémorer
c’est… » ! Le discours en a été truffé jusqu’à plus soif !
« Commémorer, c'est saisir la force des
générations qui nous ont précédés», «commémorer c'est porter un message de
confiance dans notre pays», etc …
La secrétaire qui s’est tapé le
discours a dû user du copier-coller à l’envi !
Nous voilà donc partis pour
quatre années de commémoration, de
rediffusion de films (« Les sentiers de la gloire » de Kubrik si
longtemps censuré pour avoir évoqué les fusillés de 1917, « Un long
dimanche de fiançailles », « Charlot soldat », « Joyeux
Noël », « Le crépuscule des Aigles », « Capitaine Conan »…).
Quatre années de rééditions d’ouvrages
sur la grande guerre.
Quatre années d’émission littéraire
avec pour unique thématique les conséquences de la grande conflagration.
Quatre années de polémiques pour
savoir si, oui ou non, il est nécessaire de faire œuvre de mémoire ou de ressasser les vieilles rancœurs guerrières quand l’Europe, notre Europe,
cherche une voie de salut !
Quatre années à proposer des
produits dérivés : voiture Renault électrique tout terrain reprenant le
design des premiers chars lancés dans la grande bataille de 1918, tee-shirt à l’effigie
de Joffre ou de Foch et de Pétain (heu, non, finalement, pas de Pétain !),
saladier à fruits en forme de casque de poilus, robot-minute épousant le galbe d’une
grenade à manche allemande…
Quatre années d’exposition dans
des Musées de la guerre, exposition de vareuses sorties de la naphtaline,
exhibition d’intermittents du spectacle affublés de la parfaite panoplie du petit poilu « chair à canon »…
Quatre années d…
Stop ! Finie l’anaphore !!
Rendez-vous en 2014, si le cœur vous
en dit !
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