La comédienne Marie
Dubois vient de nous quitter, ce mercredi 15 octobre, à l'âge de 77 ans à
Lescar près de Pau .
On ne pourra jamais
oublier la fille du guignol qui, dans la grande vadrouille (Gérard Oury-1966)
enflamme le cœur d’Augustin, petit peintre en bâtiment devenu héros malgré lui
(Bourvil).
Née Claudine Lucie Pauline Huzé, passée par le
Conservatoire, Marie Dubois aura été lancée par François Truffaut, qui lui accorda un rôle de serveuse de bar dans "Tirez sur le
pianiste" (1959), film dans lequel
on retrouve Aznavour et…mon maître, Boby Lapointe (sous-titré !).
C'est ce même Truffaut qui lui conseilla de prendre le
pseudonyme de Marie Dubois, héroïne d'un roman de Jacques Audiberti, paru en 1952, dont elle aimait l'héroïne.
Mais, dès cette époque, elle subit les premiers stigmates
d'une sclérose en plaques qui la condamnera impitoyablement aux béquilles puis
au un fauteuil roulant.
En dépit d’une beauté toute
naturelle et d’une luminosité qui crève l’écran, l’égérie du cinéma nouvelle
vague se refuse de sombrer dans la facilité.
Elle joue des rôles
souvent difficiles avec des cinéastes tels que Jean-Luc Godard (Une femme est une femme), René Clair
(Les fêtes galantes), Louis
Malle (Le voleur), Claude
Sautet (Vincent, François, Paul et les
autres, Garçon!),
Luchino Visconti (L'innocent)
ou Alain Corneau (La menace),
qui lui vaut le César du meilleur second rôle en 1977, Claude Chabrol (Rien ne va plus).
Mais on la retrouve
également dans des comédies comme La
grande vadrouille de Gérard Oury (1966). L'année précédente elle
était déjà aux côtés de Bourvil et Lino Ventura dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico.
Mais la
maladie est là, qui la ronge ! Elle dira un jour, lors d’une interview :
«
Quand je revois L'Intrus , tourné en 1984, je m'aperçois que j'avais
déjà du mal à marcher. Ce qui est terrible dans cette maladie, c'est qu'elle ne
prévient pas. Un beau matin, vous ne pouvez plus vous servir d'un bras ou de
vos jambes.»
Elle
tournera un clip au profit de l'Unisep (Union pour la lutte contre la sclérose
en plaques) avec Alain Corneau.
Depuis
la diffusion du clip sur les écrans, son téléphone ne cessera de sonner. Jusqu’à son
dernier souffle elle aura, à la force de sa foi et de son humanité, donné l’exemple
d’un courage contagieux.
Marie, je
termine ce billet par ce poème en fleur d’éloge, en conservant en mon âme le contour de tes
yeux inondés de rire et les longues vagues blondes ondulant d’une délicieuse allégresse.
Marie la blondeur des blés fous
Au cœur des champs de caméra
Un sourire sous un soleil d’août
Malgré la brume des combats.
La comédie à fleur de lune
Dans la rêverie de Truffaut
Et des langueurs dans la lagune
Sous la blancheur d’un scénario.
Héroïne en rameaux de charme
Sortie du bois d’Audiberti
Parsemant de rires et de larmes
Le firmament d’une égérie
Vagues nouvelles d’un 7ème art
Portant l’embrun en tes yeux clairs
Sous le vent fougueux d’un Godard
Par une brise de Rohmer
Marie la blondeur lumineuse
En toute plaie d’obscurité
Saupoudrant de vie malicieuse
Des rôles mûrs de complexité.
Mais au cours de ta grande vadrouille
Ainsi qu’on tire sur le pianiste
La maladie, sombre gribouille
Frappa tes envolées d’artiste.
Un corps sombrant sur des béquilles
Mais jusqu’au bout la foi tenace
Bravant la douloureuse aiguille
Le dard fiévreux de la menace
Marie blondeur crépusculaire
Dans le couchant d’un cinéma
Au cœur du pérenne calvaire
Où la mémoire joue son trépas
La mort en son tout dernier rôle
Acceptée en signe de foi
La blondeur de ton auréole
Et tant de souvenirs de toi.
La blondeur de ton auréole
Et la jeunesse de ta voix….
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