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samedi 18 octobre 2014

MARIE LA BLONDEUR LUMINEUSE


La comédienne Marie Dubois vient de nous quitter, ce mercredi 15 octobre, à l'âge de 77 ans à Lescar près de Pau .

On ne pourra jamais oublier la fille du guignol qui, dans la grande vadrouille (Gérard Oury-1966) enflamme le cœur d’Augustin, petit peintre en bâtiment devenu héros malgré lui (Bourvil).

Née Claudine Lucie Pauline Huzé, passée par le Conservatoire, Marie Dubois aura été lancée par François Truffaut, qui lui accorda un rôle de serveuse de bar dans  "Tirez sur le pianiste" (1959), film dans lequel on retrouve Aznavour et…mon maître, Boby Lapointe (sous-titré !).

C'est ce même Truffaut qui lui conseilla de prendre le pseudonyme de Marie Dubois, héroïne d'un roman de Jacques Audiberti, paru en 1952, dont elle aimait l'héroïne.

Mais, dès cette époque, elle subit les premiers stigmates d'une sclérose en plaques qui la condamnera impitoyablement aux béquilles puis au un fauteuil roulant.

En dépit d’une beauté toute naturelle et d’une luminosité qui crève l’écran, l’égérie du cinéma nouvelle vague se refuse de sombrer dans la facilité.
Elle joue des rôles souvent difficiles avec des cinéastes tels que Jean-Luc Godard (Une femme est une femme), René Clair (Les fêtes galantes), Louis Malle (Le voleur), Claude Sautet (Vincent, François, Paul et les autres, Garçon!), Luchino Visconti (L'innocent) ou Alain Corneau (La menace), qui lui vaut le César du meilleur second rôle en 1977, Claude Chabrol (Rien ne va plus).

Mais on la retrouve également dans des comédies comme La grande vadrouille de Gérard Oury (1966). L'année précédente elle était déjà aux côtés de Bourvil et Lino Ventura dans Les Grandes Gueules de Robert Enrico.

Mais la maladie est là, qui la ronge ! Elle dira un jour, lors d’une interview :
« Quand je revois  L'Intrus , tourné en 1984, je m'aperçois que j'avais déjà du mal à marcher. Ce qui est terrible dans cette maladie, c'est qu'elle ne prévient pas. Un beau matin, vous ne pouvez plus vous servir d'un bras ou de vos jambes.»
Elle tournera un clip au profit de l'Unisep (Union pour la lutte contre la sclérose en plaques) avec Alain Corneau.
Depuis la diffusion du clip sur les écrans, son  téléphone ne cessera de sonner. Jusqu’à son dernier souffle elle aura, à la force de sa foi et de son humanité, donné l’exemple d’un courage contagieux.

Marie, je termine ce billet par ce poème en fleur d’éloge,  en conservant en mon âme le contour de tes yeux inondés de rire et les longues vagues blondes ondulant d’une délicieuse allégresse.

Marie la blondeur des blés fous
Au cœur des champs de caméra
Un sourire sous un soleil d’août
Malgré la brume des combats.

La comédie à fleur de lune
Dans la rêverie de Truffaut
Et des langueurs dans la lagune
Sous la blancheur d’un scénario.

Héroïne en rameaux de charme
Sortie du bois d’Audiberti
Parsemant de rires et de larmes
Le firmament d’une égérie

Vagues nouvelles d’un 7ème art
Portant l’embrun en tes yeux clairs
Sous le vent fougueux d’un Godard
Par une brise de Rohmer

Marie la blondeur lumineuse
En toute plaie d’obscurité
Saupoudrant de vie malicieuse
Des rôles mûrs de complexité.

Mais au cours de ta grande vadrouille
Ainsi qu’on tire sur le pianiste
La maladie, sombre gribouille
Frappa tes envolées d’artiste.

Un corps sombrant sur des béquilles
Mais jusqu’au bout la foi tenace
Bravant la douloureuse aiguille
Le dard fiévreux de la menace

Marie blondeur crépusculaire
Dans le couchant d’un cinéma
Au cœur du pérenne calvaire
Où la mémoire joue son trépas

La mort en son tout dernier rôle
Acceptée en signe de foi
La blondeur de ton auréole
Et tant de souvenirs de toi.

La blondeur de ton auréole
Et la jeunesse de ta voix….




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