Un cauchemar nous a cueillis, ce matin, 10 mars.
Les ondes nous apportaient en sinistre héraut la mort de trois gloires
sportives : Camille Muffat (natation) Alexis Vastine (boxe) et Florence
Arthaud (voile). Morts dans un stupide accident d’hélicoptères, quelque part,
en Argentine, dans le cadre d’une toute aussi stupide émission de télé réalité
à la sauce Tf1, à moins qu’on ne le surnomme « jeu à hautes épreuves ».
On appellera cela comme on veut mais rien de
change. La mort a frappé au nom d’une logique mercantile qui transforme la
télévision en recyclage de vieilles gloires (ou de plus jeunes) exposées à des
défis pour la plus grande joie (pense-t-on) de la ménagère de 50 ans (ou moins ?).
Je connaissais peu Camille, encore moins Alexis.
En revanche Florence, la petite fiancée de l’Atlantique, était devenue une
figure emblématique de la passion et de l’engagement. Tout le monde l’aimait.
Florence, native de Boulogne-Billancourt, n’était
pas spécialement programmée pour faire de la voile. Et pourtant !
La petite fille des éditions grenobloises
Arthaud va vite être happée par l’appel du grand large. Formée à la bonne école
des Peyron ou des De Kersauzon elle trouvera ses heures de gloire en 1990, en
remportant la route du Rhum.
La mort qu’elle a souvent frôlée (A 17 ans,
accident de voiture ou en 2011 quand elle faillit se noyer au Cap Corse) a fini
par la rattraper.
Nous ne pourrons jamais t’oublier Flo…
Fiancée du grand océan
Tes boucles chevelues au vent
Tu naviguais en pleine voile
Guidée par l’indicible
étoile.
Cette incurable force mue
Par les rivages inconnus
L’appel assourdissant des
vagues
Aux dieux marins passer la
bague
Petite fiancée de l’eau
Dans le sillage d’un bateau
De Peyron ou de Kersauzon
Tu suivis leur bel horizon
A Billancourt vivait Boulogne
Comme un grand port au cœur
d’ivrogne
Pour une ivresse maritime
Au plus profond de ton intime
Florence à flots, vers les
Antilles
Route du rhum, peur
d’écoutille
Hauban claquant sous l’alizé
Et la victoire à bout de quai
Florence au cœur du Pacifique
Bravant de sa grâce magique
Les rugissantes orgueilleuses
Aux mille écumes impétueuses.
La mort riant sous cap en
force
Voudra t’aimer en mer de
Corse
Mais loin des fonds de
Tabarly
Un appel sauvera ta vie
Pourquoi a-t-il fallu
Florence
Que tu naviguasses en flots
rances
D’une télé réalité
Si loin de l’eau qui
t’enflammait ?
Entre nuages argentins
Quelques bourrasques de chagrin
Gonflent en concert des voiles
frêles
En longs soupirs émotionnels
Comme quelque mouchoir agité
Le long d’impossibles jetées
En sémaphore du désespoir
Pour un départ sans au revoir
Comme quelque mouchoir agité
Dans tes embruns d’éternité…
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