Comment le mot « cougar » était-il passé dans des
méandres sémantiques pour désigner une femme mûre à la recherche de jeunesse ?
Mon enfance m’avait bercé d’imageries d’animaux.
Je me souviens : ce petit poster du cougar dans télé 7 jours. C’était un
félin, l’équivalent du Puma.
Comment le mot « cougar » m’avait-t-il
fait passer d’une photo de prédateur sud-américain à cette femme qu’on me présenta, un jour, et qui partagea une
nuit de ma vie quand bien même elle eût pu être ma mère.
Je revenais d’Oslo et m’étais fait l’idée
d’y retourner un jour tant la Norvège et ses omelettes m’avaient inspiré. J’avais 22 ans et le cœur aventurier. Les expériences à l’étranger m’avaient dopé la
maturité.
Avant tu riais, fait Line, ma sœur qui n’hésitera
peut-être jamais à me tancer, tu es
devenu plus sérieux.
Oui, elle n’avait pas tort et je
cherchais ma voix dans ce décor de vaux câliné (dansent des cordes vocales
innées), cajolé par le soleil généreux.
De
Lyon à l’Yonne j’avais traîné mes vieilles Puma dans un cursus universitaire
improbable. Je foulais à mes dépens terre (Amédée, panthère ?) d’une France
sans travail où j’avais droit au chat pitre du rejet l’opération « sert-Val »
de Pôle Emploi n’ayant pas trouvé ressources à mon cerveau.
C’est alors qu’elle vint avec son beau châssis à moi, ce corps beau qu’elle entretenait
par des produits en tigresse et anti-graisse… La cinquantaine sous cheveux fauve et ce
regard persan qui mit Olé dans mon cœur juvénile quelque peu hidalgo (et mis haut).
Elle rayonnait en sortant de sa Jaguar rue
Giraudoux et s’en vint rugir au doux plaisir de me voir. Moi qui passais par-là,
par hasard, par ce temps maussade que le
nuage gris fait.
Oui, elle me sourit et d’un seul coup,
gare, Cupidon frappa !
Le soir même j’étais chez elle ! C’était
un joli pavillon de banlieue auquel on accédait par un perron encadré de deux
sphynx en albâtre qui n’étaient pas sans
rappeler mes anciens chats teignes à qui je flanquais des marrons !
C’était l’automne, cette période où le
soleil gai part. Il faut relancer le bel âtre (que je n’étais pas) :
-
Il n’y a qu’une
solution pour éradiquer cette froidure anti-Grèce : feu l’est !
Ah cette chaleur du feu de bois !
Rien de tel pour se réchauffer le corps et l’âme à l’Aria de Bach, entrecoupé
de Chats Sauvages ! Nous parlâmes de nos vies, contes et comptes.
-
Il ne m’a laissé
que la Jaguar mais je vais m’en débarrasser caracal souvent ! Enfin, je
veux dire que mon garagiste me connaît bien.
Je lui avais raconté ma vie d’incertitude
et elle m’avait rassuré en alléguant que nul écart n’a scié définitivement une
destinée tout en me versant du thé dans un petit grès.
Nous avions sombré au jeu du « des
félins-défais l’autre » à nous donner toutes griffes dehors sous du satin
blanc d’une unique nuit en commun. Se lécha-t-on ? (ce laid chaton ?)
Je l’avais quittée au matin angora sous
pie, heu encore assoupi. Je savais qu’on ne se reverrait plus.
J’essuyais une petite larme de
crocodile, saurien qui n’a rien à faire dans cette histoire caïman vouée aux
félins (fait l’autre).
Il fallait bien trouver une chute !
Lucien Chat-bande-elle-masse.
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