L’Etat islamique (EI) élargit de jour en jour sa zone
d’influence. Le groupe djihadiste s’est emparé jeudi 21 mai de la
ville de Palmyre en Syrie. La chute de cette vieille cité au passé millénaire
suscite bien des craintes ! Les fous d’Allah ne vont-ils pas détruire des
ruines inestimables classées au Patrimoine de l’humanité ?
Mais, bien plus que les vestiges ne doit-on pas
redouter une terrible tuerie et le massacre des habitants d’une cité dont
l’ancien nom, c’est mythique, est Tadmor (tas d’morts). Un nom particulièrement
sinistre de résonance carcérale. Tardmor, soit Palmyre, possède en effet une
prison dans laquelle le régime Assad enferme ses détracteurs politiques depuis
des décennies.
En mettant dans son escarcelle la sinistre demeure,
l’Etat islamique ôte un outil de répression à Bachar El Assad et transforme
davantage ce dernier en ultime recours contre l’invasion de Daech et les
risques de plus en plus aigus de l’instauration d’un Califat !
Car, en dépit des frappes aériennes de
la coalition conduite par les USA, les combattants au drapeau noir ont
réussi en quelques jours à consolider hégémonie sur une vaste zone à cheval sur
la Syrie et l’Irak, soit environ 300 000 km2, dont la moitié du
territoire syrien.
En Syrie, outre la région de Palmyre,
Daech contrôle désormais la majeure partie des provinces de Deir Ezzor et Raqa
(nord). Sa présence se consolide dans
les provinces de Hassaké (nord-est), d’Alep (nord), de Homs et de Hama (centre).
Le Calife autoproclamé, Abou Bakr
al-Baghdadi, peut se frotter les mains. Il est en passe de réussir son pari et
se rend déjà maître de la quasi-totalité des champs pétroliers et gaziers du
pays. Son petit commerce florissant lui fait envisager l’avenir en rose pour la
plus grande noirceur des Syriens et Irakiens qui, en masse, deviendront les
prochains passagers des rafiots de fortune qu’affrètent des passeurs mafieux et
qui se perdent dans les flots de la mer Méditerranée.
Palmyre tremble en ses ruines de fierté
millénaire
Les démons de Daech de son decumanus
Pourraient bien, d’ici peu, en furieux
cumulus
Foudroyer les géants d’âme gréco-romaine
Sous le tumulte sourd des canons
rougissants
Le vieux temple de Bel tremble sur ses
colonnes
Chapiteaux corinthiens qu’un espoir abandonne
Affrontent vents de sable entremêlé de
sang.
Palmyre bien davantage au cœur de ses
enfants
Sent grandir la menace d’une grande
hécatombe
L’épuration cruelle et des bouquets de
tombes
Comme une vallée des morts en notre fin
des temps
Sont-ils moins importants que les grands
tétrapyles
Ces milliers d’habitants que les soldats
syriens
En battant en retraite aux premiers
crocs des chiens
Ont abandonné là, en leurs demeures
fragiles ?
Au nom du Califat la noirceur terroriste
De son voile assassin ôte à nos cœurs perdus
Tout autant vieilles pierres d’un passé
révolu
Que les longs trémolos de nos chœurs humanistes.
Daech aveuglément épure les fondements
Des civilisations : l’ancienne
comme la neuve
Vestiges profanés ou larmes d’une veuve
Il naît dans son enfer aucun
discernement.
Et Bachar de rêver d’esprit de
reconquête
En érigeant posture d’unique bouclier
Contre l’envahisseur au sunnisme zélé
Après lui le chaos fruit de mille
défaites.
Comme un plongeon pérenne dans une
obscurité
Loin de celle qu’on prise en ces salles
cannoises
Le temps d’un festival en paillettes bourgeoises
Tapis rouge et diamants pris de
mondanités.
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