Adolphe
Thiers naît à Marseille le 15 avril 1797 soit en Germinal où dansait Zola, à
l’époque où le Directoire bafouillait en attendant Bonaparte.
Sa
mère ne veut pas l’appeler Adolf, prénom initialement retenu par le
géniteur :
-
Adolf, tu n’y penses pas ! Mais enfin Adolf, c’est déjà le
marquer du sceau de la croix gammée ! Tu ne peux faire ça à notre
enfant !
-
Mais enfin, femme, de quoi parles-tu ? Tu es en avances de quelque 130 ans ! Excuse-moi, mais ça
n’est pas aryen ! N’anticipe pas avec le petit moustachu à la mèche
rebelle !
-
Taratata, je ne veux pas de Adolf, en tous cas pas écrit Adolf ! Je
veux bien Adolphe, ça féminise un peu. (*)
Ce
sera donc Adolphe eu égard à une théorie du
genre déjà bien implantée à
l’époque. Le petit phocéen, sans vouloir fausser haine, passe une
enfance heureuse juste perturbée par des quintes de toux dont vient
régulièrement à bout (et sans tabou) sa génitrice par de récurrentes lotions à
base de camphre.
Marqué par cette thérapie il écrira, dès 10 ans, « Mein
Camphre » un livre de jeunesse où il décrit comment il éradique les
microbes ! Le titre franco-allemand laisse songeur mais, qu’importe, le
torchon ne sera jamais publié.
Son
premier émoi amoureux porte son dévolu sur une certaine Amélie. Mais la belle
refuse de s’appeler Amélie Thiers (vous imaginez vous : à mes litières ?)
et ne voit pas comment être la moitié d’un Thiers par effraction ! Le mariage sera pour
plus tard…
Plus
grand, il poursuit des études de droit qui le prennent dans des filets sans
qu’il soit leurré Thiers. Il sait prendre ses distances et le mot «
large » en Thiers signifie « l’art des choix ». Outre le minimum
théorique il choisit de se divertir par divers tirs d’essai dont un dans le
journalisme. Il fonde, en effet, le journal « Le National » avec ses
potes Auguste Mignet et Armand Carrel. Mais l’association Carrel-Mignet, car
elle mit niais, ne lui plaît guère. Il fait cavalier seul et de façon fière s’étale Thiers sur des
pages qu’il remplit de biographies historiques. Une telle production littéraire
lui vaut d’être élu à l’Académie française et à l'Académie des
sciences morales et politiques (et non Poe râle et mots l'y tiquent)
En
1830, tandis qu’une épidémique rend les gens cholériques, il soutient sans
colère, la Monarchie de Juillet après les trois glorieuses qui jouent les
meutes du peuple. Barricades pour un nouveau roi que gênes de la croix
n’empêcheront pas d’atteindre l’objectif. Certains seront crucifiés sur le bois
du combat héroïque mais Charles X devra abdiquer en faveur de Louis Philippe 1°
qui fêtera cela au bourbon dans sa maison d’Orléans !
Thiers
gagne les fruits de son soutien. Le voilà ministre des Finances et le premier à
lancer le Thiers provisionnel. Puis il joue du nomadisme maroquinier qui le
Rabat successivement sur des sièges de l’Intérieur, des affaires étrangères et même
de président du Conseil)
Mais
Louis Philippe, superbe poire de conférences, ne voulant pas que ces mauvaises
habitudes commissent (comice ?) des malversations lui préférera Guizot !
Il
en veut à cette décision l’atterrant Thiers ! Il est vexé et virera sa
cuti en soutenant la candidature de Louis-Napoléon Bonaparte ! Mais quand
Bonaparte ment en jetant, telles des
loques à terre, la constitution par un méchant coup d’état, Thiers rompra avec
lui. Cette vilaine tuile il la ressent comme dégoût, Thiers, comme une
autocratie qui, lâche, arpente l’aigre niais dans ses neurones bonapartistes.
Un atavisme !
Le coup d’Etat du 2 décembre 1854 instaure le
second Empire et un second temps pire pour un Thiers au trois quart sonné sous
le coup d’une expulsion ! Sans pour
autant être sans toit, il prend le bon air, par dépit, à la bonne aventure. A changer de toit se
fait Thiers jusqu’au jour où il lui est donné de revenir en France.
Nous
sommes en 1863 et Adolphe se fait élire député de Paris et siège à l’Assemblée
où, là, semblaient s’assembler des las sans blé ! Lui ne manque de rien et
la fortune rend Thiers sans souci sous ces cent-six sous quotidiens.
Mais
dépité, il dénonce l’hégémonie du monarque et sa politique étrangère pas
étrangère à l’aventure.
Napoléon III,
depuis 1861, envoie des corps
expéditionnaires au Mexique pour implanter les intérêts français. Mais ils
jouent les sombres héros en lançant des maximes îliennes contre Maximilien,
empereur du Mexique mais néanmoins de Habsbourg. C’est une déculottée et
Napoléon III doit retirer ses troupes.
La
guerre le rattrape en Europe. La Prusse de Bismarck le menace tellement qu’il
lui déclare la guerre sans imaginer l’opportunité du teuton de la battre,
occase qu’appointe l’effort de guerre du chancelier de Guillaume 1°
Thiers
lui dit : Sire, vous faites une erreur, la Prusse est trop forte !
Napoléon rétorque : tu parles par dépit, sot Thiers, mais le métier de
guerre, dur, inné, je vais l’exercer !
Bien
mal lui en prit. L’Empereur se voit se damner à Sedan par hardes nées de la
stratégie prussienne. Le voilà prisonnier ! Thiers est alors rappelée par
l’Assemblée réfugiée à Bordeaux et qui veut tourner ces pages de vie
ignoble ! Il est chargé de trouver des appuis et des alliés pour lutter
contre la Prusse, mais en vain car, avec des vagues à lames il n’a vraiment pas la côte
Thiers !
L’armistice
est signé le 28 janvier 1871 et Thiers sait, gagnant, qu’il peut pronostiquer
un futur poste éminent. Cela ne manque pas : le voilà chef du pouvoir
exécutif de la République française.
Mais le peuple voit dans laid Thiers un regard vert-mer qui peut
l’engloutir. Il redoute un retour de la
monarchie et se soulève. C’est la fameuse « Commune de Paris » qui
fera fleurir le temps des cerises, un temps pourtant peu Clément faisant
sourdre par débit garrots et grille-hôtes. Car la répression est sanglante. Le
18 mars 1871, Thiers envoie Mac-Mahon contre les communards.
-
Ô peuple, t’abat Thiers, clamera un insurgé avant de mourir en ne
pipant plus mot (en nœud pipe en plumeau ?)
C’est
l’hécatombe. Les survivants seront jugés et envoyés au bagne (notamment en
Nouvelle Calédonie). L’Assemblée monarchiste décide de laisser
Thiers à sa place de chef du Gouvernement avant que la Restauration ne rentre
en jeu puisque d’entrée elle dessert tout plat de résistance ! Thiers
déclare qu’il préfère qu’il reste au rang de « Président de la République »,
Par la suite, et contre toute attente, il refuse la monarchie qui prime sceaux-Thiers et affirme qu’il souhaite
une République.
Mais la majorité à
l’Assemblée reste royaliste et veut franchir l’affront-Thiers et doit nier l’arrogant !
Adolphe Thiers est finalement contraint
de démissionner le 24 mai 1873. Il n’apprend
la nouvelle qu’à chaud Thiers et ça lui jette un froid !
Il continue à y
croire car son âme est pugnace et que faire de nos vies sans l’âme, ah, Thiers !
Il est persuadé qu’il sera rappelé à la tête du Gouvernement dissipé d’ici peu (étant
donné qu’il est, selon d’aucuns, indispensable au pays selon la maxime « le
fort reste Thiers ». Mais le lendemain, c’est Patrice Mac-Mahon qui devient
Président de la République et lance son fameux : j’y suis, j’y reste !
Adolphe se résigne à abandonner la vie
politique (ça me rappelle quelqu’un). Puis, une vilaine maladie l’écarte, roue
Thiers à grande échelle. L’homme meurt quelques années plus tard, en 1877, au
pavillon Henri IV, un hôtel de Saint-Germain en Laye.
Il
repose au Père Lachaise et ce lieu cher l'apaise...
S’y
meut Thiers sous les aspects voluptueux d’un feu follet…
(*) Cette conversation a fortement inspiré Alexandre de la Patellière et Matthieu Delaporte pour leur pièce "Le prénom" (2012) adaptée par eux-mêmes, et par la suite, au cinéma.