Nadine Morano a relancé le débat sur la race
blanche ! C’était sur le plateau de « on n’est pas couché » du
pseudo comique Laurent Ruquier. La blonde républicaine a fustigé, dans sa
dérive droitière, l’immigration et ses menaces pour la sécurité de notre beau
pays.
Depuis la petite phrase a fait des remous.
Les réseaux sociaux s’en sont emparés. Jusqu’à la nausée. On pourrait s’en
féliciter si, in fine, le racisme et ses dérivés s’en trouvaient éradiqués. En
vérité la polémique bat son plein et Nadine accablée par les uns peut trouver
un écho favorable chez les amis de Marine Le Pen.
Le problème demeure l’usage qu’on fait de
cette superbe invention qu’est la télévision.
Si Nadine n’avait pas été invitée par Ruquier
elle n’aurait pas bénéficié de cette tribune cathodique et la petite phrase
serait restée dans ses neurones (qu'on dit limités) ou, aux moindres frais, dans les cercles feutrés
des Républicains.
Mais voilà. Le schéma médiatique est tout
autre. Ruquier et sa bande se doivent d’inviter des personnes dites
intéressantes (VIP ?) qui ont des livres à vendre ou qui sont susceptibles
de déraper sémantiquement pour créer buzz et polémiques !
Les débats s’organisent, dès lors, autour de
quelques thématiques nauséeuses et l’on se garde bien de creuser dans les vrais
problèmes (écologiques, humanitaires…)
L’émission devient alors une vaste caisse de
résonnance des idées qu’on croyait enterrées, des paradigmes d’un autre âge,
ouverts à la route réactionnaire.
De Zemmour à Finkielkraut en passant par
notre incurable Nadine les pseudos chroniqueurs, complices ou faussement
candides, laissent leur interlocuteur se vautrer dans la rhétorique facile, un « prêt
à porter idéologique » pour un auditoire prêt à s’engouffrer dans la
brèche polémiste !
Et pourtant, il suffirait tout simplement d’éteindre
la télé !
Sur le plateau d’insanités
Les faux chroniqueurs absorbés
Aux radiations médiatiques
Ont délaissé la belle éthique.
Le dérapage à tout instant
Peut exploser le frêle écran
En milliers de buzz anonymes
Sur les réseaux de mésestimes
Sous la caméra d’une bouche
Sourd sans que nul ne l’effarouche
Le mot de trop qui va nourrir
Les débats à n’en plus finir
Pour tout lapsus, acte manqué
La réverbération frisée
De ses ondulations sismiques
Foudroie le silence aphasique
Pour l’alibi des promotions
De livres ouverts aux ambitions
Le micro se tend vers la voix
Du prosélyte à ce qu’il croit
L’émission féconde à l’envi
Quelques atomes aux libres cris
Le formatage très policé
Voit son vernis se fissurer
Resurgit le réactionnaire
Quelques relents très doctrinaires
D’un passé moralisateur
En son amnésie de l’horreur
Théorie de la race blanche
Islamophobie, avalanches
De petits mots bien distillés
Pusillanimement contrés
Un grand retour vers la nausée
Des polémistes de quartier
Le grand enfumage médiatique
Occultera le politique
Celui de l’authenticité
Le « comment gérer la cité ? »
Les grands dossiers humanitaires
Ont délaissé les média-sphères
Il doit manquer quelques neurones
A ces animateurs aphones
Dès qu’il s’agit de s’exprimer
Sur les faits de complexité
Il doit manquer la clairvoyance
Chez le penseur grisé d’audience
Reconverti en girouette
Pour flatter la masse muette
Sur le plateau ascensionnel
Des polémiques virtuelles
On cherche encore, nu, à tâtons
L’alchimie d’un débat de fonds
Et dès lors on n’est pas couché
Pour chasser l’apprenti sorcier
Dépassé par l’hideux chaos
Des billevesées aux mille échos
Sauf à se plonger dans les livres
Et dans un geste qui délivre
Éteindre à jamais la télé
En sa cathodique égarée…
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