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samedi 10 octobre 2015

L’ÂME HORS ANNEAUX SATURNIENS (Pauvre Verlaine !)


Nadine Morano a relancé le débat sur la race blanche ! C’était sur le plateau de « on n’est pas couché » du pseudo comique Laurent Ruquier. La blonde républicaine a fustigé, dans sa dérive droitière, l’immigration et ses menaces pour la sécurité de notre beau pays.

Depuis la petite phrase a fait des remous. Les réseaux sociaux s’en sont emparés. Jusqu’à la nausée. On pourrait s’en féliciter si, in fine, le racisme et ses dérivés s’en trouvaient éradiqués. En vérité la polémique bat son plein et Nadine accablée par les uns peut trouver un écho favorable chez les amis de Marine Le Pen.

Le problème demeure l’usage qu’on fait de cette superbe invention qu’est la télévision.

Si Nadine n’avait pas été invitée par Ruquier elle n’aurait pas bénéficié de cette tribune cathodique et la petite phrase serait restée dans ses neurones (qu'on dit limités) ou, aux moindres frais, dans les cercles feutrés des Républicains.

Mais voilà. Le schéma médiatique est tout autre. Ruquier et sa bande se doivent d’inviter des personnes dites intéressantes (VIP ?) qui ont des livres à vendre ou qui sont susceptibles de déraper sémantiquement pour créer buzz et polémiques !

Les débats s’organisent, dès lors, autour de quelques thématiques nauséeuses et l’on se garde bien de creuser dans les vrais problèmes (écologiques, humanitaires…)

L’émission devient alors une vaste caisse de résonnance des idées qu’on croyait enterrées, des paradigmes d’un autre âge, ouverts à la route réactionnaire.

De Zemmour à Finkielkraut en passant par notre incurable Nadine les pseudos chroniqueurs, complices ou faussement candides, laissent leur interlocuteur se vautrer dans la rhétorique facile, un « prêt à porter idéologique » pour un auditoire prêt à s’engouffrer dans la brèche polémiste !


Et pourtant, il suffirait tout simplement d’éteindre la télé !


Sur le plateau d’insanités
Les faux chroniqueurs  absorbés
Aux radiations médiatiques
Ont délaissé la belle éthique.

Le dérapage à tout instant
Peut exploser le frêle écran
En milliers de buzz anonymes
Sur les réseaux de mésestimes

Sous la caméra d’une bouche
Sourd sans que nul ne l’effarouche
Le mot de trop qui va nourrir
Les débats à n’en plus finir

Pour tout lapsus, acte manqué
La réverbération frisée
De ses ondulations sismiques
Foudroie le silence aphasique

Pour l’alibi des promotions
De livres ouverts aux ambitions
Le micro se tend vers la voix
Du prosélyte à ce qu’il croit

L’émission féconde à l’envi
Quelques atomes aux libres cris
Le formatage très policé
Voit son vernis se fissurer

Resurgit le réactionnaire
Quelques relents très doctrinaires
D’un passé moralisateur
En son amnésie de l’horreur

Théorie de la race blanche
Islamophobie, avalanches
De petits mots bien distillés
Pusillanimement contrés

Un grand retour vers la nausée
Des polémistes de quartier
Le grand enfumage médiatique
Occultera le politique

Celui de l’authenticité
Le « comment gérer la cité ? »
Les grands dossiers humanitaires
Ont délaissé les média-sphères

Il doit manquer quelques neurones
A ces animateurs aphones
Dès qu’il s’agit de s’exprimer
Sur les faits de complexité

Il doit manquer la clairvoyance
Chez le penseur grisé d’audience
Reconverti en girouette
Pour flatter la masse muette

Sur le plateau ascensionnel
Des polémiques virtuelles
On cherche encore, nu, à tâtons
L’alchimie d’un débat de fonds

Et dès lors on n’est pas couché
Pour chasser l’apprenti sorcier
Dépassé par l’hideux chaos
Des billevesées aux mille échos

Sauf à se plonger dans les livres
Et dans un geste qui délivre
Éteindre à jamais la télé
En sa cathodique égarée…

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