Jean Pierre Coffe naît le 24
mars 1938 à Lunéville (Meurthe-et-Moselle). Lune et vies l’oient grogner la
nuit, dans son berceau, pestant déjà contre la rondelle de saucisson que lui a
donnée sa maman entre deux tétées à tâtons tentées.
L’enfant grandit avec l’âme
aux ailes, désireux de s’envoler de sa Lorraine qu’il ne trouve pas assez
quiche, heu kitsch !
Il se prend de passion pour
le théâtre et va suivre, très vite, des cours renommés dont se proroge échos,
Simon (dont ce pro Roger Caussimon…heu, non, lui n’a rien à voir dans cette
histoire).
Après la guerre d’Algérie
(il est affecté à la météorologie nationale et ne cesse de tempêter d’un timbre
si rauque, haut). Il revient à la vie civile pour effectuer de petits boulots
un peu bâtards mais destinés à gagner une croûte et d’éviter le pétrin. Il
travaille ainsi, pour des clopinettes (et blague à part) comme représentant
pour la marque de papier à cigarette JOB !
Puis le voici directeur de
publicité aux Editions Laffont , métier qui livre une certaine couverture
médiatique dont il saura se servir par la suite.
En 1976, il ouvre le
restaurant La Ciboulette, rue St Honoré et ce n’est pas du gâteau ! Il
enchaîne avec « Le Modeste ». Six boulettes ça semble effectivement
modeste pour un homme ayant connu des maux d’Est mais, ne vous trompez pas, la
carte n’a rien de menu et l’homme régale !
Jusqu’au jour où, escroqué par
un libanais habile à déboulonner son bilan ballonné, Jean Pierre déclarera son
désappointement et une faillite.
Il se retrouve alors comme
meneur de revue à l’Alcazar, ce qui semble mieux que d’y être vestiaire et
déplorer, en lamentable brèle, voir Madame promener son cul sur les remparts de
Varsovie.
En 1984, il entre à Canal+
pour assurer des chroniques en déplorant déjà que les sucreries sous les crocs
niquent l’émail.
C’est le début d’une longue
carrière à la télévision : France 3, puis France 2, puis Tf1 (émission
bien jardiner) où il finit par se fâcher avec son producteur tant Delarue
barbe !
A partir de 2003, il rejoint
l’indéboulonnable Drucker à France 2 et devient le chroniqueur pas tenté (par les saloperies gustatives) des questions
culinaires. Il fustige alors la mal bouffe, le polyphosphaté, les conservateurs
de tous poils y compris Laurent, veau quiet, qui, lancé falot, pâtit de ses
diatribes.
Après une année
d’écriture il, revient, en 2013, sur France mais déçu de voir Sophie à rames
galérer dans « jusqu’ici tout va bien » il quittera le navire qui
finira par couler de lui-même, tel un camembert bien fait ayant subi des
bris de maux.
La vie de ce joyeux vivant
ne s’arrête pas au petit écran. On le retrouve dans les grosses têtes de
Philippe Bouvard sur RTL. Il aime visiblement la radio car on l’écoute aussi
sur France Inter dans « ça s’bouffe pas ça s’mange » tous les samedis
de midi à 13h (de 1998 à 2008). De sa voix inimitable, il vilipende les dérives
des filières de la viande qui tournent en eau de boudin, les élevages en
batterie propices à la propagation du bacille de coqs. Il rue dans les
brancards en lançant son fameux « c’est de la merde !».
Pour lui, le niveau des
recours aux moyens légaux est mis haut. Il revendique une cuisine saine,
biologique qui reste au rang du prix abordable ! Et toque !
Ceux, qu’il agace trop, nomment son combat de réactionnaire. Peu lui chaut l’effroi qu’il assène aux
vendeurs de denrées rendues rudes en durée d’urée.
Il n’est jamais plat de résistance, d’entrée,
pour s’opposer à la loi qui dessert la bienséance de la qualité gustative. Il
s’afflige de voir une qualité qu’on érode par apports sales aux mets.
Comme dirait un patron de
café d’Antony, versant mon rouge, sans souhaiter de mal à Coffe, puisqu’il kiffe Coffe :
- Le chauve aux grosses lunettes rondes il en a !
Oui, il en a pour s’attaquer aux mastodontes de la bouffe et leurs grandes
combines.
Oui, et toujours avec cette
verve –haine qu’il infuse délicieusement avec une dérision, tel un clown
auguste, hâtif (ô gustatif !).
C’est oublier qu’il pensait
faire une carrière de comédien. En réalité, il brûlera rarement les planches
pour préférer y mettre du pain. On le verra quand même, en 1976, dans « le
genre humain » de Jean-Edern Hallier. Il se produit aussi derrière la
caméra, dans une quinzaine de films (pas obligatoirement des navets destinés à
faire chou blanc), dont « Violette Nozière » de Chabrol (en 1977) où
il interprète le docteur Déron.
Des ronds il s’en fera
surtout en interprétant son propre rôle de pourfendeur des fast-foods, sur les
plateaux de TV et par la vente de ses nombreux livres à toutes les sauces (essais, guides de jardinage, recettes de
cuisine, livres pour enfants…).
L’homme qui se voulait
comédien aura finalement fait ses choux gras dans la vente de son propre
personnage, peu enclin à y aller avec le dos de la cuillère à l’encontre des
pseudos restaurateurs.
Hélas la camarde, elle, ne
lui permettra pas de sucrer les fraises plus longtemps (il était atteint de la
maladie de Parkinson). Elle met les pieds dans le plat pour la fin des
haricots. Une crise cardiaque l’emporte en ce 29 mars, à Lanneray
(Eure-et-Loire).
On voit ses mots finis s’taire ;
les pleurs arrosent Coffe !
On n’entendra plus jamais
raisonner sur les plateaux de TV le « bon sang, mais c’est de la MERDE ».
Et quelque part, c’est bien
triste !
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