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jeudi 26 octobre 2017

UN VIL A-COUP PAIE LE BEURRE ?



Comme je souhaitais en savoir plus sur cette pénurie du beurre qui nous échoit, j'ai encore invité mon professeur omniscient préféré, Mr Hitérole. Je me suis aperçu que lui même se perdait en conjectures...


Fabiano : Bonjour Professeur, je reviens vous consulter pour en savoir plus sur cette pénurie de beurre qui nous afflige !

Prof Hitérole : Bonjour Fabiano ! Ah, quelle catastrophe pour mon voisin, Rachid, un charmant jeune homme qui se fait las beur à force de ne plus en trouver. Il me dit qu’il ne trouve plus sa tablette préférée sur les étals. Il me dit : « Elle et vire ! » tu hèles mais…elle est virtuelle. Il dépérit car pour lui cet aliment apporte le nécessaire en vitamines ! La vitamine A se trouve en abondance dans le beurre. Elle est essentielle aux cellules de la rétine. Or Rachid travaille à l’œil. On trouve aussi de la vitamine D. Celle-ci fixe le calcium  dans les os et régule le métabolisme des tissus. Le beurre est la seule matière grasse qui en contient naturellement. Enfin on trouve la vitamine E, antioxydant mais pas anti-occident car Rachid est vraiment bien intégré. Oui, ça part en cacahuète et se sent las Rachid !

Fabiano : Oui, heu, bon. Recadrons ! Pourquoi Rachid et tant d’autres gens ne trouvent-ils plus de beurre ? Organiserait-on une pénurie ?

Prof Hitérole : Je vais y répondre. Mais je reviens à Rachid et à tous ces consommateurs qui se déplacent pour du beurre dans des magasins non approvisionnés. Il faut savoir que tous ces consommateurs ne sont pas que français. La demande mondiale en beurre aurait augmenté, selon la FAO (1) de + 2,5 % entre 2013 et 2015. Américains et Chinois sont particulièrement friands de beurre depuis que 67 travaux compilés par les Annals of Internal Medecine ont conclu, en 2014, que le beurre n’est pas si mauvais pour la santé ! En gros, jamais le beurre n’a outragé notre corps !

Fabiano : Ah, ah, le burnout rageait, note record ! Ils ont dû être en burnout les chercheurs pour pondre de telles niaiseries ! Pressés comme des citrons pour donner de tels résultats positifs et satisfaire leurs donneurs d’ordre, les grandes sociétés beurrières !

Prof Hitérole : Quel mauvais esprit Fabiano. Mais peut-être y-a-t-il du vrai dans votre remarque. Quoi qu’il en soit, le beurre est réhabilité ! Fini les craintes de maladies cardio-vasculaires. La demande croît mais la production stagne. D’où la pénurie !

Fabiano : Pourquoi la production stagne-t-elle ?

Prof Hitérole : On surtout de lait ! Il faut commencer par laitage en dessous. Avant le beurre il y a le lait ! Il faut même 22 litres de lait pour 1 kg de beurre, sauf peut-être pour le beurre à lait-jets fabriqué à partir de jets de lait légers…

Fabiano : Pourquoi manque-t-on de lait ? Je croyais qu’on avait supprimé les quotas ?

Prof Hitérole : Oui en 2015. Les éleveurs ont pu alors produire autant de litres de lait qu’ils le souhaitaient. Nos voisins ne se sont pas gênés. Les Pays-Bas ont accru leur production et l’Irlande a fait du lait un axe de croissance. Son cheptel se nourrit de l’herbe des près, en plaine Eire et cela coûte moins cher que les granulés. En France, la surproduction a fait baisser les cours. Les petits éleveurs ont fermé boutique à ne plus pouvoir mettre de beurre dans leurs épinards. Il y a eu concentration ;  de grosses exploitations ont vu le jour, cherchant le retour sur investissement. Mort des petits, extensions des grands, on nage en plein darwinisme. L’augmentation de la production se voit alors orientée vers un stockage de poudre de lait !

Fabiano : Ah oui, j’en ai entendu parler ! C’est de la poudre de perlimpinpin, juste un mécanisme de régulation. La Commission Européenne pourra remettre sur le marché la poudre stockée pour empêcher que les prix ne remontent trop vite ; or, ils sont loin de remonter ! C’est ça ?

Prof Hitérole : Oui, en France, les distributeurs (Auchan, Carrefour et j’en passe) tirent  le prix vers le bas, c’est laid ce prix scellé du lait ! D’un coup de baguette magique ils font le bonheur des consommateurs et le malheur des producteurs. La grande enseigne qui s’étend sort ce lait qui s’est ensorcelé d’un prix maudit que fixent, comme par un décret, mages (comme parrains d’écrémage ?)…

Fabiano : Donc, à tirer les prix vers le bas, on décourage la production…

Prof Hitérole : Oui, heu, enfin, pas si simple ! En effet, comme la distribution ne veut pas baisser sa marge, les producteurs costauds à qui on ne taille pas de costards (je ne parle donc pas des éleveurs fragilisés qui tirent le taureau par les cornes) vendent plus cher à l’étranger ! Enfin, s’ils le peuvent eu égard à une bonne production. Or la production française de lait a chuté de 2,8 % entre 2015 et 2016 en raison du mauvais temps !

Fabiano : Ah ! Oui ! Le printemps pourri !

Prof Hitérole : Oui, beaucoup de pluie et déficit de soleil ! Les 2/3 des éleveurs redoutent un manque de fourrage ou une mauvaise qualité. Tout ceci fout rage supplémentaire !

Fabiano : Encore un facteur qui ne plaide pas pour une augmentation de la production laitière en France. Or si on produisait plus de lait on produirait plus de beurre, non ? Ainsi il n’y aurait pas de pénurie ?

Prof Hitérole : Pas si simple Fabiano. Car, quitte à me répéter, je te rappelle que 22 litres de lait ne font qu’un seul kg de beurre ! Dans un litre de lait, il y a en moyenne, 42 grammes de matière grasse servant à faire le beurre et 33 grammes de protéines qui serviront pour le lait liquide et cette fameuse poudre de lait que j’ai déjà citée ! A imaginer qu’on puisse augmenter la production de lait on ne fera qu’accroître le stock de poudre ! Il n’y aurait pas forcément plus de matières à baratter !

Fabiano : A bar à thé ? Qu’est-ce que le thé vient faire dans cette histoire, professeur ?

Prof Hitérole : Ignorantus, ignoranta, ignorantum ! Baratter est l’action qui consiste à transformer la crème de lait en beurre !

Fabiano : Ah, pardon, j’ignorais ! Donc vous pensez qu’on ne peut pas trop augmenter la production et que banquet demeure, heu, que manquer de beurre sera notre lot quotidien ?

Prof Hitérole : Oui, à moins qu’on nous trafique cette pénurie, qu’on mette le beurre dans les épines : art ! Grand art de la spéculation ! On crée la rareté pour empocher les marges !

Fabiano : Mon Dieu ! Que va-t-on faire ?

Prof Hitérole : Utiliser de la margarine en priant St Hubert que la pénurie ne l’affecte pas de la même façon (voir la publicité).

Fabiano : Le boulanger : faire des viennoiseries à la margarine ? Pourquoi pas ? Si choix s’accroît sans trimer : prisons ! Mais si choit sa croissanterie : méprisons ! Je serai alors récalcitrant à toute consommation d’un tel met !

Prof Hitérole : Et donc dans ce cas re-geint beurre !

Fabiano : Ha, ha, ha, bien vu ! En attendant…surprise !

Prof Hitérole : Qu’est-ce ? Mais ! C’est du beurre ? D’où vient-il donc ?

Fabiano : De Damme, en Belgique ! Et oui, il faut faire de la route ! Je vous ai fait un sandwich au thon !

Prof Hitérole : Merci Fabiano ! C’est sûr que je vais apprécier ce sandwich thon-beurre de Damme !


(1) Foad and Agriculture Organization.
Atteindre la sécurité alimentaire pour tous est au cœur des efforts de la FAO - veiller à ce que les êtres humains aient un accès régulier à une nourriture de bonne qualité qui leur permette de mener une vie saine et active.





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