Gabriel
Fauré est né, le 12 mai 1845, au cœur de Pamiers (Ariège) et le petit gars tôt
feuilletait déjà à 3 ans des livrets de partitions et forcément en mineur.
Le
chérubin grandit chez une nourrice et, en 1854 (il n’a que 9 ans) quitte la
maison familiale deux fois, non de Foix et en une seule (fois). Il se retrouve
à Paris pour étudier la musique à l’Ecole Niedermeyer, institut fondé par un
Suisse du même nom. Il étudie 11 années, sous la rigueur d’un métronome réglé
comme une horloge helvétique. Il obtient un 1° prix de piano, un 1° grand prix
de composition et un 2ème grand prix d’harmonie ce qui procure une
joie sèche puisque larme honnie.
Un
de ses maîtres se nomme Camille Saint-Saëns, voire six car il a une intuition
surdimensionnée et pressent que l’avenir de Gabriel ne se transformera pas en
danse macabre !
Hélas,
la guerre éclate. En 1870, la France subit les âpres us de la Prusse : le
goût pour la guerre que le chancelier Bismarck finance, casque, appointe…
En
1870, Fauré s’engage dans l’armée et prend part aux combats pour lever le piège de sari, heu, le siège de Paris tel un oiseau de proie trouvant l’arme au nid. Viser l’ennemi et voir tomber
l’ami : s’immiscent ici la mire et l’ami raide au sol (si mi si si la mi
ré la mi ré do sol…) Pendant la Commune de Paris, il ne trouve pas le temps des cerises particulièrement Clément et préfère
demeurer à Rambouillet puis
en Suisse.
La guerre finie, il retrouve Paris
et devient organiste à l’église Saint-Sulpice, le patron des vocations
tardives, mais n’y voit aucun signe. Au contraire, le destin accélère les
rencontres. En participant au salon de Saint-Saens il rencontre de sympathiques
musiciens et forme avec eux la Société Nationale de Musique (César Frank, Jules
Massenet, Jules Garcin…)
Fauré
se voit refiler quelques tuyaux pour tenir les grands orgues, de ci de là,
cahin, caha… Il est ainsi organiste à l’Eglise de La Madeleine et il pleurera
comme celle-ci quand ses fiançailles avec Marianne Viardot seront rompues !
Mais Marie Frémiet entre
dans sa vie. C’est la fille d’un sculpteur animalier et en vogue, connu pour
avoir inspiré Brassens avec ses « gare au gorille » : statue
d’un gorille enlevant une négresse (1859), enlevant une femme (1887)…
Marie a repéré Fauré et lui
chante : Gabriel, tu brules mon esprit, ton amour, ton amour étrangle ma
vie.
Fauré hésite mais sa
conscience lui dit : Marie-la Fauré ! Mais il tergiverse encore. Il
aime tellement voyager. Après Weimar, où il a rencontré Listz (1877) il est
allé voir l’ode-Cologne à savoir la représentation de l’or du Rhin et de la
Walkyrie ! Alors dire « oui » à un mariage sera-t-il l’aval qui
rit ? Ou ne faudra-t-il pas s’attendre à la corde au cou qui fait qu’un
jour vague n’est rien.
Après moult cogitations, il
se marie le 27 mars 1883 avec Marie et la bénédiction du prêtre ! Ils
s'installent dans le XVIIe arrondissement de Paris,
93 avenue de Niel. Ils ont deux fils, Emmanuel (1883-1971) et Philippe
(1889-1954). Il vaut mieux ainsi car ils eussent eu une fille qu’elle se serait
appelée Zoé (un caprice de Marie) : vous imaginez le drame pour la
gosse : Zoé Fauré !
La vie est dure pour le
père Fauré qui fait son trou comme il peut en donnant des leçons de piano et
d’harmonie !
Pour attraper la gloire
faut rets ! Il lance des filets, va à la pèche aux éditeurs mais les
partitions se vendent à 50 francs pièce. Une misère !
En 1885, cependant,
l'Institut lui décerne le prix Chartier et le mauvais sort, qui se faisait
lâche, arrête. Sa musique de chambre est enfin récompensée et c’est tant d’or
mis !
Le 16 janvier 1888, à
l’église de la Madeleine, il dirige des esquisses de son Requiem à
l'occasion des obsèques de H. Lesoufaché, architecte portant le visage la
vieillesse ravinant et disant : « mes rides étiolent» (Mairie
d’Etiolles). Une grande première pour ce Requiem, œuvre majeure de Fauré qui n’aura
plus, par la suite, le sou fâché.
Le premier juin 1892, il
est nommé inspecteur des conservatoires nationaux en province. Il audite,
auditionne, additionne les remarques, sent cent portées… Il trouve encore du
temps pour se rendre chaque année à Londres pour rejoindre des amis qui
organisent des concerts privés à même d’être anglais de plaisir…
Le 10 Janvier 1896, il
tient le grand orgue pour les obsèques de Paul Verlaine, tandis que les violons
de l’eau tonnent sous l’archer du déluge.
En octobre de la même
année, il succède à Massenet à la classe de composition du Conservatoire de
musique, un poste qui lui avait été refusé quatre ans auparavant pour motif que
sa musique était trop révolutionnaire, trop pour la masse née ! Je vous
demande un peu ! Il a parmi ses élèves un certain Ravel qu’il voit
déjà comme un messager de la musique que la chance éclaire :
- Crois en ton bol, héraut, lui lancera-t-il un jour.
En 1898, il compose
une musique de scène pour la version anglaise de Pelléas et
Mélisande de Maeterlinck tandis qu’ailleurs, au même moment, Alfred de
Musset écrit un nouveau billet doux à son amour « Paix l’est à
s’aimer » lit Sand. La romancière acquiesce !
Mais revenons à Fauré et l’art
bravant (ah forêt et l’arbre à vent !).
Les 27 et 28 août 1900 il
crée Prométhée à Béziers, dans un théâtre de plein-air devant
15.000 spectateurs (12.000 selon les Pandores qui voient en tant d’airs…messe mythologique[1]).
Cette œuvre est conçue pour trois ensembles de cuivres, 100 cordes, 12 harpes,
chœurs et solistes. Bref, une grosse machinerie qui promettait mais qui ne devient
jamais populaire. Il n’empêche, c’est au cours de la première, à Béziers, qu’il
rencontre la pianiste Marguerite Hasselsmans. Il effeuillera la Marguerite de
31 ans plus jeune que son cœur d’artichaut ; elle deviendra sa maîtresse. La
jeune femme est un joli cœur qui l’encercle dans sa chambrette aux meubles
résineux : Fauré dans ce décor de pins, sait, sent que cette enclave
ceint (Fauré danse ! Des cordes pincées : sens que c’est en
clavecin) !
De 1903 à 1921 il est
critique musical au Figaro sous la direction de Gaston Calmette. Au Figaro,
Fauré embaume archer qui lui plaît mais ne met pas aux noces qui maltraite le
violon et met au carême hauts arts (Hé, mais, tocard hait Mozart !) …
Le 5 avril 1903 il est fait
Officier de la Légion d'honneur pour tant de belles musicalités sorties de la
fosse d’orchestre. Oui, être lumineux, comme il trouve dans la fosse, Fauré,
sens !
Le 15 juin 1905, il succède
à Théodore Dubois (Dubois puis Fauré, ça ne s’invente pas !) à la
direction du conservatoire de musique de Paris. Il y entreprend quelques
réformes qui lui valent le surnom de «Robespierre». Ah, cette étiquette de
« révolutionnaire » que Fauré, si docile, assimila (si do si la si mi
la...)
En 1910 il entreprend un
tournée de concerts qui le mène à Saint-Petersburg, Helsinki et Moscou car
parfois le paradis c’est l’est et dans le cœur du musicien, tel un bon vin revigorant, la liturgie de l’est
ami naît.
Le 10 mai 1913, à Paris,
c’est la première de Pénélope. Cet opéra en trois actes est un
triomphe royal porteur du lys, ô mère ! Mais, hélas, la faillite du
Théâtre des Champs-Élysées, en d'octobre, interrompt les représentations, et la
première guerre mondiale sur les champs enlisés ne laisse pas envisager une
reprise dans un autre théâtre.
Oui, la grande boucherie
commence. Fauré reste en France, loin du front, en bon septuagénaire qu’il est
devenu. Sa perte d’audition le rend moins productif mais il écrit quand même,
notamment le jardin clos (1914-1915), cycle de mélodies sur des poèmes de Van
Lerberghe, un belge qui cultive son petit jardin secret, mi- mystique, mi-
loufoque : célestes raves à Gand !
En 1917 il est élu
président de la Société Nationale de Musique. Le 26 avril il est fait Grand
officier de la Légion d'honneur et dit « n’en jetez plus, la cour est
pleine ».
Mais la mort pavane et
sonne hâte. Bientôt l’oiseau musicien se meurt… L’ailé gît !
La pneumonie l’emporte le 4
novembre 1924. Des funérailles ont lieu à l’Eglise de la Madeleine où des
pleureuses en proue s’tiennent. Il est inhumé au cimetière de Passy
(« Faut ré, pas si ! » eût pu être son épitaphe).
Son œuvre est immortelle.
Elle inspire même des jazzmen. Elle se retrouve dans moult bandes musicales
cinématographiques (La vie moderne, de Depardon ou encore Thérèse de
Cavalier…).
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