Line SERME est chercheuse dans un laboratoire qui élabore, à tort, des vaccins pour lutter contre la connerie humaine. Je dis « à tort » car pour l’instant aucun essai sur les souris n’a pu révéler la moindre efficience. Le virus de la connerie semble muter incessamment et les pauvres cobayes, une fois le poison inoculé, sont devenus plus débiles encore !
Line, dépitée, s’est donc tournée vers d’autres investigations médicales et scientifiques. Ainsi, elle a pu intégrer une équipe de jeunes chercheurs imberbes à l’hyperactivité proche de celle d’un paresseux d’Amazonie ayant ingurgité une triple dose de Bromazépam.
Après cinq ans de laborieuses recherches, Line et son aréopage de matières grisâtres a fini par trouver qu’il existait un lien entre le système nerveux entérique, communément appelé "deuxième cerveau" et l’obésité.
Le système nerveux entérique hante Eric, le soupirant de Line et accessoirement son chef d’équipe. Eric a longtemps étudié ce second cerveau composé de près de 100 millions de neurones (99.564.678,75 exactement) et qui dirige le transit intestinal dans l’organisme.
Grace à ce moteur cérébral l’estomac veut assurer sa vidange régulière sans aller chez Speedy ou un concurrent atrabilaire dudit spécialiste des purges. La boîte à neurones permet aussi de faire barrage à des agents pathogènes mal intentionnés, comme il se doit. Mais le plus incroyable est qu’Eric semble persuadé que le « second cerveau » joue un rôle dans la surcharge pondérale que d’aucuns déplorent lorsqu’ils cherchent à renfiler un vieux jean pour éviter les cohues des soldes.
Eric convainc, à son insu, Line. La jeune femme est tellement coachée par son gourou (et amant) qu’elle passe ses journées à nourrir des souris par le biais d’un régime « fastfood » de leur 5ème semaine à leur 18ème semaine de croissance ! Elle en perd l’appétit tant elle se donne à la tâche.
Le teint blafard, les joues creuses, elle a su goûter le fruit de ses efforts. Les petits rongeurs ayant subi ce régime trop riche en graisses et en sucres avaient subi quelques disfonctionnements en termes de vidange gastrique, de transit intestinal et de radioscopie du système nerveux !
Sustentés à la mode MacDo, les organismes des cousins de Mickey sont mis à rude épreuve. La vidange gastrique se ferait plus rapidement que la moyenne.
Eric dit à Line :
- Bon travail de gavage ma poule. Tu vois : il semble (et sa confirme ma thèse) que le système nerveux entérique n’a pas suffisamment de temps pour envoyer les signaux de satiété. Et sans ces signaux, l’estomac en redemande, comme s’il n’existait pas de limite.
- Ah, reprend Line, alors la prise alimentaire augmente donc et l’obésité devient inévitable.
- C’est cela, mon chou ! C’est cela ! Bon on va fêter ça au Mac Do ? Tu sembles crevée ! Je n’aurais pas dû te parler de ces recherches. Tu y a laissé ta santé !
- Mais non ! Ce fut un plaisir ! Mais si on peut éviter le Mac Do !!
Les deux chercheurs finiront la journée au Fouquet’s en se demandant comment leur découverte pourrait être utilisée. Pourrait-on « modifier » le second cerveau si un patient souffrait trop d’obésité ?
Et, tout imprégnés de ce lieu gastronomique, ils se demandèrent si l’appétit du pouvoir ne pouvait pas être régulé par une quelconque reprogrammation du système nerveux entérique.
A quelques kilomètres de là, dans les sous-sols d’un laboratoire, on récupérait les cadavres inutiles de quelques petits mammifères à pelage blanc pour les envoyer dans les cuisines de certaines enseignes qui font les beaux jours de la gastronomie sur le pouce.
- Bon sang, mais c’est de la M…., comme dirait JPC.
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