Il y a quelques jours de cela, le 3 avril, Trump, l’imprévisible
et nouvel homme fort des USA avait invité à la Maison Blanche son homologue
égyptien Abdel Fatah Al Sissi. C’est la première visite à la Maison Blanche
d’un président égyptien depuis Hosni Moubarak en 2009.
Répressif chez lui, tortionnaire dans l’âme, le
président Al Sissi, militaire en costume, ne pouvait que plaire au milliardaire
américain qui n’a jamais caché son attirance pour les grands moyens quand il s’agit
de lutter contre le terrorisme djihadiste.
Persona non grata aux USA, durant l’ère Obama, le
général égyptien s’est donc vu aux premières loges chez l’oncle Sam.
Je veux faire savoir à tous, au cas où il y
aurait le moindre doute, que nous soutenons le président Al Sissi. Il a fait un
travail fantastique dans une situation très difficile. Nous soutenons l’Égypte
et le peuple d’Égypte , a ajouté le président américain, sans aucune
réserve.
Et de se serrer la main car entre crapules on ne
craint pas de se salir.
Les deux hommes ont tant de choses en commun : l’anti
« djihadisme » et la mégalomanie. Les projets pharaoniques habitent
chacun de ces cerveaux : pour Al Sissi c’est l’extension du canal de Suez
et pour Trump c’est le long mur qui séparera les USA du Mexique.
Mais surtout Al Sissi est venu chercher des armes et
le rétablissement d’un
accord de financement militaire que le grand noir avait suspendu en 2015. Cet
accord permettrait au nouveau pharaon de s’acheter des tanks à crédit, tout
comme des avions de guerre et autres petits gadgets létaux.
Car une Egypte réarmée peut se montrer un bien
meilleur rempart contre la menace djihadiste. Trump veut des hommes forts au
Moyen Orient pour faire obstacle à Daech. Au nom de la lutte contre cet état
islamique il était prêt à fermer les yeux sur les exactions du maître de Damas,
le Syrien Bachar Al Assad.
Sauf que tout s’est bouleversé dans la tête du chef
américain depuis cette attaque chimique du mardi 4 avril contre la ville de
Khan Sheikhoun. Une attaque au gaz sarin, sûrement ordonnée par Bachar Al
Assad, a projeté dans la mort 86 personnes civiles innocentes, dont 27 enfants.
L’émotion a gagné tous les pays le régime de Bachar a
de nouveau été montré du doigt. On croyait avoir obtenu l’élimination des armes
chimiques en Syrie, on imaginait le tyran de Damas assagi après la chute d’Alep,
on n’extrapolait pas qu’il puisse à
nouveau franchir la ligne rouge, et pourtant…
Alors, après avoir exprimé son dégoût face aux
tragiques photos d’enfants
anéantis, Donald Trump a décidé de frapper.
Il a ordonné une frappe ciblée
Vers 03h40, ce vendredi matin heure de Syrie (20h40
jeudi soir à Washington), les Etats-Unis ont lancé 59 missiles de croisière
contre la base de Shayrat, d’où auraient décollé les appareils responsables de
l’attaque de mardi !
Selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme
(OSDH), quatre soldats syriens ont été tués par ces frappes qui «détruit
presque totalement» la base aérienne du régime qui était visée.
Des années de tentatives de faire changer Assad ont échoué,
et échoué dramatiquement», a souligné Donald Trump depuis sa résidence de
Mar-a-Lago, en Floride, où il reçoit jusqu’au soir du vendredi 7 avril, le président chinois Xi Jinping. Le visage
grave, la voix très posée, le milliardaire a adjuré toutes les «nations civilisées» de se
joindre aux USA «pour chercher à mettre fin au massacre et au bain de sang en
Syrie».
Le message est clair : Bachar doit cesser sur le
champ l’usage de ses armes chimiques (censées démantelées) ! Mais les
frappes ciblées soulèvent des questions diverses : comment Poutine, qui
soutient Bachar, va-t-il réagir ? Trump va-t-il continuer de frapper,
encouragé qu’il est par la coalition de l’opposition au régime de Damas ?
Pour Donald Trump, l’exercice s’avère de haute
voltige. L’homme qu’on croyait hermétique à la misère du monde a réagi face à
l’enfance martyrisée et à l’horreur d’une guerre injustifiée contre une
population civile.
L’impulsion a fait le reste. L’imprévisible hôte de la
Maison Blanche a choisi la réponse militaire et fait parler les missiles tomahawk.
L’homme qui se faisait le chantre d’une Amérique
repliée sur elle-même est en train de se métamorphoser, de prendre des risques
extérieurs.
On prie pour qu’ils ne soient pas incontrôlés dans
cette poudrière qu’est devenu le proche orient !
Il avait serré de sa poigne
Celle de l’autocrate égyptien
Entre requins on se témoigne
Quelques lyrismes régaliens
Al Sissi venait quémander
Un droit de nouveau chalandage
A même de se réarmer
Contre un même ennemi sauvage
Le pharaon des temps obscurs
Avait poussé sur l’échiquier
L’attrait de sa musculature
Endurci de plans policiers.
Trump adorait les dictateurs
Pour un peu, les aurait copiés
Mais il jaillit un flot d’horreurs
Sur l’écran noir d’atrocités.
Des femmes et des enfants réduits
En spasmes de suffocations
Le sarin tapissa la nuit
De son manteau d’exécution
Khan Sheikhoun aux poumons broyés
Sous le bombardement chimique
Implorait en sa perdition
La fin d’un long chemin tragique.
A-t-il pensé à son enfant
En voyant l’enfance brisée ?
Barron, son fils, éperdument
Au cœur de son intimité.
Il a fait sourdre la colère
Au bout d’un fleuve de dégoût
Et pour la première fois, de guerre
S’est érigé maître avant tout.
Avant le temps diplomatique
Et le feu vert de l’ONU
D’une vengeance épidermique
Contre Bachar diable absolu.
Ses tomahawks ont fracassé
Les dernières fiertés de Shayrat
Mais sur les ruines enfumées
Les interrogations s’ébattent.
Comment réagira le Tsar
Qui de Bachar s’est fait l’écu ?
Déjà le Kremlin se déclare
Offusqué des tirs imprévus.
Poutine évoque l’agression
Contre un Etat dit souverain
Dans une amnésie de tensions
Par lui livrées aux Ukrainiens.
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